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Idées

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Ces derniers jours nous avons jonglé entre les tests d’irrigation pour le #Moringa_oleifera, attendant la charrette à 4 roues et essayant différentes méthodes gravitaires, mais en attendant faute d’un débit et d’un volume d’eau suffisant, nous ne pouvons nous lancer dans le semis. Irriguer le terrain à sec est de toutes les façons une étape indispensable, il s’agit notamment de stopper la décomposition du fumier que nous avons épandu qui produit des gaz, et de stabiliser les terrains. Nous devrions si tout se passe bien faire le premier test de la charrette avec la citerne de 3 mètres cube demain. Si nous ne rencontrons aucun problème, alors nous pourrions commencer dès demain le semi. Mais tellement d’éléments hors de notre contrôle sont en jeu.

Ces tortures neuronales cette semaine, ajoutées à une bonne dose de situations insolites ont favorisé l’émergence de plusieurs idées. Par exemple en allant chercher mon couscous un matin, on me propose de rentrer dans une maison du vieux quartier. Des marmites remplies fumaient tranquillement, et toute une grande famille était réunie autour. Nous étions tombés par chance sur les femmes leader de la restauration de couscous de la ville, et le moringa tient une part primordiale dans leur affaire. Nous leur avons demandé s’il il existait une sorte de coopérative avec toutes les restauratrices. Quand ces dernières ont nié, nous leur avons expliqué à quel point elles pourraient trouver plus de bénéfices en s’unissant, et elles pourraient minimiser les coûts : en achetant en gros, en limitant les transports, en organisant les livraisons… Nous leur avons expliqué que nous souhaitions les voir augmenter leurs profits et pour cela nous avons besoin de connaître un peu leur business, ainsi nous pourrions leur proposer nos sacs dans des conditions qui les arrangerait. Elles ont proposé que l’on se retrouve le 7 mai pour qu’elles nous racontent tout leur commerce, et que l’on puisse trouver des pistes d’action concrètes.

L’idée m’enchantait, notre volume peut être énorme, puisqu’aujourd’hui tous les villages aux alentours veulent planter, rapidement nous pourrions leur racheter les sacs puisqu’en brousse ils n’ont pas accès aux réseaux et les transporteurs ne passent pas par les pistes. Et nous pourrions avoir même aux tous débuts une production suffisante. Nous pourrions transformer le reste des feuilles que nous ferions sécher en poudre avec un moulin, que nous pouvons faire importer du Nigéria. Ainsi nous laisserions nos petites boites de poudre verte sur le stand des restauratrices et leur offrions une commission sur la vente des produits. Notre « poudre », tellement nutritive et curative se retrouverait partout en ville sans nous couter un sous, il y a déjà plusieurs centaines de restauratrices dans la ville et d’autres stands pourraient bénéficier de nos produits en consigne. Nous leur laisserions quelques publicités, et ce produit novateur pourrait rapidement changer les habitudes de consommation des gens, vers cette poudre qui pourrait éradiquer bientôt la malnutrition dans le monde!

Nous pourrions nous étendre très rapidement en plus puisque nous pourrions créer des opportunités de plantation dans les villages et offrir des revenus sûrs aux micro producteurs que nous élirions, en rachetant les sacs à bon prix et en les revendant à nos restauratrices ou sur les marchés urbains ou encore en le transformant en poudre en prenant une petite compensation qui nous permettrait de couvrir les couts de transport et de supervision des projets, tout en permettant de planter toujours plus d’arbres. Nous avons organisé un réseau entre tous les villages de proximité qui nous permet de minimiser les distances parcourues et le temps sur les pistes.

Par ailleurs ce soir encore j’ai une invitée institutrice très motivée par le projet de parrainage d’arbres par les enfants, nous viendrons rapidement leur enseigner comment prendre soin d’un arbre, quelles sont les propriétés nutritives, gustatives ou curatives de leurs produits, comment les exploiter sans mettre l’arbre en danger, comment tirer un petit profit pour couvrir les frais de scolarité, quel part joue leur arbre dans la lutte contre la désertification, et le réchauffement climatique… De nombreuses écoles ont répondu à notre appel, et dans les derniers villages les enfants des écoles ont organisé des danses autour de moi poussant des cris de joie, me promettant même de les arroser pendant les vacances (alors que c’est la saison des pluies!).

Dans un autre village on organise déjà le commerce de la mangue, le chef m’a cueilli les fruits 100% bio avec la chair jaune et pulpeuse au cœur, bien sucrés, qu’il a fourré dans mon sac. On les a partagés pour fêter ca avec l’équipe en mordant dans les fibres qui restent coincées dans les dents après avec bonheur!

Chaque jour qui passe me fait réaliser l’étroite complémentarité qui règne entre nous et les liens qui se sont tissés ces derniers mois, quand j’ai dis aux gars que je partais dans 10 jours pour l’Europe et que j’y resterai surement un mois, ils m’ont dit que c’est comme si on amputait la famille, alors que maintenant on formait un vrai village, maintenant ils vont de nouveau se retrouver dans la brousse. Ils m’ont vraiment touchée, leur présence m’est si chère aussi, se retrouver dans le micro climat de la pépinière, il y fait si bon avec plus de 32000 arbres, à travailler très concentrés, dans un silence complice puis à se raconter des plaisanteries et des histoires avant d’écouter la radio cracher les infos de 13 heures. Il y a de ces instants serein qui me reconnectent avec l’incroyable beauté de notre monde, j’ai l’impression parfois qu’elle m’envahit, emplit chaque cellule, et déborde, c’est tellement trop pour un seul cœur. Un cœur qui se sent connecté avec tout ce qui l’entoure, maillon d’une chaine éternelle. J’ai l’impression que notre équipe, va créer incessamment sous peu une nouvelle révolution, nous allons implanter la culture moringa au Niger, la rendre accessible à tous, et offrir une vraie opportunité en période de crise alimentaire.


Anne-Sophie Pannel

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